Une semaine avec Scott Weber, Directeur général d'Interpeace: Mardi - Donner la priorité à une paix construite de l'intérieur

Durant toute une semaine, Scott Weber, Directeur général d'Interpeace, répond à nos questions et nous parle de son parcours, de son organisation, de ses priorités, des défis auxquels lui-même et ses collaborateurs doivent faire face, de leur travail sur le terrain ainsi que de leurs réalisations.

Comment en vient-on à diriger l'une des une des principales organisations mondiales de consolidation de la paix? Et quel cap donner à une telle organisation? Aujourd'hui, Scott Weber nous parle de ses priorités pour Interpeace ainsi que de son parcours qui l'a mené à la tête de cette organisation.

Quelles sont vos priorités en tant que Directeur-général d'Interpeace?

Notre première priorité consiste à aider les pays à trouver leurs propres solutions aux conflits qui les déchirent. La paix ne peux pas être importée, ni imposée depuis l'extérieur. Elle doit venir de l'intérieur. Pour ce faire, nous commençons par identifier des individus à qui tout le monde peut faire confiance. Nous leur donnons les outils nécessaires afin qu'ils puissent devenir des facilitateurs d'un processus national qui implique toutes les sphères et toutes les régions d'un pays, du Président aux villageois en passant par la diaspora, et ce afin d'identifier et résoudre les principaux obstacles à la paix. Cela peut prendre des mois, voire des années. L'essentiel, c'est que le processus de résolution de ces conflits soit accepté par tous.

Notre deuxième priorité, c'est d'aider la communauté internationale à améliorer son soutien envers la consolidation de la paix. Nous faisons tous des analyses de conflits afin d'identifier les problèmes et élaborer des solutions. Le problème, c'est que très souvent nous sommes confrontés à un conflit d'analyses. La manière dont la population locale comprend le conflit qui la divise et la manière dont la communauté internationale perçoit le problème peuvent être deux choses très différentes. A défaut d'une analyse correcte, la recherche de solutions peut conduire vers un faux chemin, qui peut parfois s'avérer dangereux. La meilleure façon d'éviter ces erreurs, c'est de s'assurer que l'analyse est faite par les acteurs locaux et ce de la manière la plus participative possible. Toutes les voix doivent être prises en considération. Dans la plupart des cas, la communauté internationale ne devrait pas diriger les efforts de consolidation de la paix, mais plutôt soutenir les processus de consolidation de la paix à l'échelle nationale.

Qu'est-ce qui vous a amené à Interpeace?

Lorsque j'ai débuté ma carrière au sein des Nations Unies en 1997, c'était une période passionnante de changement et d'innovation. Le domaine de la consolidation de la paix était encore très jeune, mais il gagnait en professionnalisme et en expérience. Progressivement, j'ai senti que je voulais être proche de la source des problèmes que nous traitions au niveau mondial et mieux comprendre la dynamique de la paix et des conflits. J'ai trouvé qu'Interpeace (appelée à l'époque Projet de reconstruction des sociétés déchirées par la guerre) était la section la plus innovante de l'ONU, car elle était ancrée dans la réalité du terrain et amenait les acteurs locaux à prendre les rênes des processus de paix. Elle essayait aussi de faire intervenir sur le terrain des structures hybrides ONU-ONG au nom de l'ONU ou, lorsque c'était nécessaire, en tant qu'ONG. Cela s'est révélé être une grande force stratégique pour Interpeace au cours des années. Aussi, en l'an 2000, j'ai convaincu le Directeur exécutif de l'époque, qui en était aussi le fondateur, de m'engager ; cela a été, depuis, une magnifique aventure. 

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