Une semaine avec GAIN - Lundi: L'approche unique de GAIN pour réduire la malnutrition

GAIN a été crée en 2002 par les Nations Unies pour lutter contre la malnutrition, l'une des problématiques globales les plus pressantes. Aujourd'hui, Marc Van Ameringen, le Directeur exécutif de GAIN, nous parle de l'approche unique de son organisation pour réduire la malnutrition à travers le monde.

 

Quelles sont les principales caractéristiques de GAIN?

GAIN a été créée en 2002 par les Nations Unies pour lutter contre la malnutrition, l'une des problématiques globales les plus pressantes. La malnutrition touche en effet aujourd'hui près de la moitié de la population de la planète. Elle peut prendre différentes formes, comme la faim chronique, le manque de vitamines essentielles, surpoids ou obésité.

GAIN est reconnu comme l'un des principaux défenseurs d'une approche multisectorielle des questions de santé et de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Nous sommes en quelque sorte des catalyseurs, encourageant des partenariats entre les gouvernements, les entreprises et la société civile, afin de trouver de solutions au problème complexe de la malnutrition.

Nous concentrons nos efforts sur les enfants, les jeunes filles et les femmes, car nous savons que, pour mettre fin au cycle de la malnutrition, il est essentiel de fournir à ces groupes de personnes des régimes alimentaires durables et nutritifs. Nous avons élargi ces dernières années notre champ d'action afin de toucher également des personnes en marge de la société, qui sont souvent les plus exclues, vulnérables et malnutries, comme par exemple la communauté Dalit, en Inde. Il est donc prévu que nos programmes multipartites fournisent une alimentation abordable et nutritive à plus d'un milliard de personnes d'ici à 2015.

GAIN est composée d'une équipe de 167 personnes réparties entre son siège de Genève, ses 15 bureaux sur le terrain (Nairobi, Addis-Abeba, Maputo, Abuja, Dar Es Salaam, Islamabad, Kabul, Jakarta et Dhaka), et ses quatre bureaux de représentation (Amsterdam, Washington, Londres et Singapore).

Qu'est-ce qui distingue GAIN des autres organisations travaillant sur la malnutrition comme le PAM, la FAO ou l'OMS?

GAIN est la seule organisation globale travaillant exclusivement sur la malnutrition. Notre approche est de développer et fournir des solutions innovantes et ayant un très grand impact afin de résoudre le problème de la malnutrition pour la malnutrition.

Nous avons acquis au fil des ans une connaissance approfondie des mesures nécessaires pour traiter le problème complexe de la malnutrition. Nous savons qu'il n'existe pas de solution miracle. Cependant, que ce soit à travers la création de programmes de fortification des aliments à grande échelle ou en se concentrant sur la fenêtre de 1'000 jours pour donner aux enfants le meilleur départ possible dans la vie, nous avons constaté que les partenariats multipartites – lorsque les gouvernements, la société civile et les entreprises travaillent conjointement - constituent la clé de la réussite.

Aussi, nous collaborons étroitement avec les organisations onusiennes et avec d'autres partenaires dans le secteur de la malnutrition, notamment les gouvernements nationaux, les organisations de la société civile, le secteur privé, le monde académique et les groupes de consommateurs et de donateurs, afin d'élaborer de nouveaux modèles. En février 2014, GAIN a été reconnu par la Stanford Social Innovation Review comme un partenariat multipartite pionnier constituant une organisation phare dans le domaine de la nutrition.

Comment collaborez-vous avec ces acteurs?

Nous collaborons en premier lieu avec les organisations actives dans le domaine de la nutrition via le Conseil de Partenariat de GAIN, créé en 2010 afin de représenter les parties prenantes de GAIN, aux côtés de son Conseil de Fondation. Le Programme alimentaire mondial (PAM), l'UNICEF, BRAC, Hellen Keller International (HKI), Scaling Up Nutrition(SUN), le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), le partenariat 1'000 Jours, Welthungerhilfe et la Fondation Naandi figurent sont membres de ce Conseil de Partenariat de GAIN.

Le Conseil de Partenariat de GAIN agit en tant qu'organe consultatif auprès du Conseil de Fondation de GAIN, fournissant conseils et recommandations sur les priorités de GAIN en matière de stratégies et d'investissements. Il fonctionne également comme plateforme de soutien à l'innovation et au développement de nouveaux partenariats visant à éradiquer la malnutrition.

En outre, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) est l'un de nos principaux partenaires institutionnels. Depuis sa création, GAIN entretient des liens étroits avec l'OMS. Par le passé, nous avons d'ailleurs fourni un soutien technique à l'OMS dans les domaines de la fortification des aliments, de l'iodation du sel et de la nutrition de la mère, du nourrisson et du jeune enfant.

En janvier 2014 nous avons été invités à établir des relations officielles avec l'OMS. Cela nous a permis de renforcer notre partenariat et de mieux soutenir les efforts de l'OMS visant à promouvoir une nutrition adéquate à travers notamment des campagnes et un soutien technique. En mai dernier, nous avons également participé pour la première fois à la 67ème Assemblée mondiale de la Santé, avec un focus sur la nutrition de la mère, du nourrisson et du jeune enfant.

Au nom de GAIN, j'ai également été récemment invité à faire une présentation devant la Commission de l'OMS sur les moyens de mettre fin à l'obésité de l'enfant. Cette audition a été l'occasion de partager avec la commission un cadre général permettant de lutter contre l'augmentation de l'obésité de l'enfant. Mon témoignage était axé sur le double fardeau de la dénutrition, du surpoids et de l'obésité dans les pays à faible et moyen revenus et sur le lien entre une bonne alimentation durant les 1'000 premiers jours de la vie et les risques d'obésité par la suite. La Commission proposera un cadre stratégique pour les actions globales et la responsabilisation en matière d'obésité de l'enfant.

GAIN a également activement participé à la création de l'initiative globale Scaling Up Nutrition (SUN) réunissant les gouvernements, la société civile, l'ONU, les bailleurs de fonds, les entreprises et les chercheurs dans un effort collectif visant à améliorer la nutrition. En travaillant ensemble, nous accomplissons ce qu'aucun de nous ne peut faire seul. Jay Naidoo, le Président de notre Conseil de Fondation, est membre du groupe de direction de SUN et a été désigné par le Secrétaire général de l'ONU pour coordonner le travail de ce groupe.

Un des principaux piliers de notre partenariat avec SUN et le Programme alimentaire mondial (PAM) consiste à trouver les solutions nécessaires à l'éradication de la malnutrition en améliorant le fonctionnement des marchés pour les consommateurs les plus démunis. GAIN et le PAM coordonnent ainsi le SUN Business Network (SBN) qui permet au secteur privé de participer à l'initiative SUN et constitue la seule plateforme d'engagement de ce dernier en faveur de la nutrition.

Ce réseau a pour but de mettre l'expertise et les capacités du secteur privé au service l'agriculture, du développement de produits, des systèmes d'infrastructure, des chaines de distribution, ainsi que de la recherche et de l'innovation. Les entreprises du réseau commercial SUN diffèrent de par leur taille et leur distribution géographique et sectorielle. Depuis le Nutrition Growth Summit qui s'est tenu en juin 2013, 52 entreprises de huit différents secteurs se sont engagées. A travers ces engagements, nous espérons améliorer la nutrition de 125 millions de consommateurs par an d'ici à 2020.

Nous avons d'ailleurs récemment accueilli, lors de l'Assemblé générale de l'ONU à New York en septembre, notre membre le plus récent : Indofood, une société de production et de distribution de produits alimentaires. Nous avons fixé comme objectif de réunir 99 entreprises sur notre plateforme mondiale d'ici à la fin 2015.

Notre partenariat mondial avec le PAM a également pour but d'augmenter la disponibilité d'aliments nutritifs pour les populations vulnérables à travers l'intégration d'approches publiques et basées sur les marchés. Nous avons travaillé et nous travaillons encore dans différents pays tels que l'Afghanistan, l'Egypte et le Yémen sur différents projets comme la fortification d'huile végétale et de farine de blé ou l'iodation du sel. A l'occasion de la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos, j'ai eu l'honneur de recevoir, en tant que Directeur exécutif de GAIN, le Prix Héro de la Faim décerné par le PAM pour mon rôle dans la lutte contre la faim dans le monde.

Un autre exemple de notre collaboration avec les organisations de l'ONU est notre partenariat avec l'UNICEF qui vise à fournir du sel suffisamment iodé à plus de 500 millions de personnes dans 15 pays d'Afrique et d'Asie. Bien que facile à prévenir, la carence en iode est la principale cause de lésions cérébrales dans le monde. La solution est assez simple et bon marché : ajouter de l'iode au sel. L'iodation universelle du sel (IUS) sera considérée comme achevée lorsque plus de 90% des ménages d'un pays donné bénéficieront de sel suffisamment iodé. Environ 75% des pays bénéficient à ce jour de programmes d'iodation du sel.