Sénégal: Programme de fortification des aliments à large échelle

Au Sénégal, près de la moitié de la population peine à couvrir ses besoins essentiels en termes de nourriture, de santé, d'éducation et de logement, avec une pauvreté plus persistante dans les zones rurales. Alors que le Sénégal doit déjà faire face à l'insécurité alimentaire et à la malnutrition, le fait qu'il se situe en grande partie dans la région du Sahel, le rend également chroniquement vulnérable aux catastrophes naturelles.

La carence en micronutriments - à savoir le manque de vitamines et de sels minéraux essentiels et nécessaires à l'organisme pour une croissance et un développement normaux - constitue un problème courant en Afrique de l'ouest et a un impact important sur la santé de la population. A cet égard, la carence en vitamine A, l'anémie due à une carence en fer ainsi que les troubles liés à une carence en iode figurent parmi les principales carences en micronutriments les plus préoccupantes pour la santé publique dans le monde. La vitamine A est essentielle à la prévention de la cécité infantile et à la protection du système immunitaire ; le fer aide à prévenir l'anémie, et l'acide folique aide à prévenir les anomalies congénitales du tube neural.

Afin de lutter contre la carence en micronutriments, le gouvernement sénégalais a créé en 2006 le Comité Sénégalais pour la fortification des aliments en micronutriments (COSFAM) et a rendu la fortification des aliments obligatoire en 2009. GAIN a soutenu les efforts du gouvernement sénégalais au cours de ces cinq dernières années. En 2010, GAIN a accordé une subvention à la Cellule de Lutte contre la Malnutrition (CLM) - composée de ministères impliqués dans la nutrition, d'élus locaux et de représentants d'ONG et de la société civile – afin de favoriser le processus de fortification.

En collaboration avec ses principaux partenaires, notamment le gouvernement, le secteur privé et les organisations de la société civile, GAIN fournit une assistance financière et technique aux meuniers, aux producteurs d'huile, aux organismes gouvernementaux de réglementation et aux organismes de normalisation afin de fortifier la farine de blé avec du fer et de l'acide folique et l'huile végétale avec de la vitamine A. Ces efforts ont été soutenus par une campagne massive de marketing social visant à diffuser des messages clé sur la nutrition. Ce programme a été financé par la Fondation Bill & Melinda Gates.

Une évaluation réalisée en 2014 et se basant sur une métodologie développée par GAIN (Food Fortification Assessment Coverage Tool - FACT) a confirmé que la fortification alimentaire à large échelle est susceptible de réduire les carences en micronutriments, y compris les carences en fer, en acide folique et en vitamine A.

Les résultats montrent que ce programme a fait de progrès considérables en un laps de temps relativement court. En effet, le statut nutritionnel d'une grande partie de la population a été amélioré, notamment celui des femmes en âge de procréer, dont la moitié au Sénégal est considérée comme présentant un risque élevé d'apport insuffisant de micronutriments. 85% de ces femmes consomment aujourd'hui de la farine fortifiée et 73% d'entre elles consomment de l'huile fortifiée au moins une fois par semaine. L'évaluation a également montré que sur une semaine, 66% des femmes en âge de procréer consomment au moins 10% de l'apport nutritionnel de référence (ANREF) en fer grâce à la farine de blé fortifiée, et 72% d'entre elles consomment au moins 10% de l'ANREF en vitamine A grâce à l'huile fortifiée.