Peut-on faire confiance aux réseaux numériques ? La question de la résilience

En 2025, l’Union internationale des télécommunications fête ses 160 ans d'existence.

Cet article sur l'intelligence artificielle fait partie d'une série publiée par le Service de la Genève internationale qui aborde la contribution de l'UIT aux grands défis mondiaux, au sein d'une ville forte d'une longue tradition de coopération multilatérale.

 

Imaginez un monde entièrement connecté. Pour cela, il faudrait non seulement rendre Internet accessible jusque dans les régions les plus reculées, mais aussi assurer la résilience des réseaux contre des perturbations en tous genre, des tremblements de terre aux cyberattaques en passant par l’erreur humaine.

Des centaines de milliers de personnes œuvrent dans l'ombre pour assurer la circulation ininterrompue de nos données, ainsi que leur sécurité.

Saviez-vous que l'Union internationale des télécommunications – l'agence des Nations Unies pour les technologies numériques – a pour mission de soutenir la résilience numérique, en collaboration avec des partenaires du monde entier ?
Découvrons ensemble quelques facettes de l'action de l'UIT dans le domaine trop peu connu de la résilience numérique.
 

Les câbles sous-marins, véritable colonne vertébrale du numérique

Environ 99 % des données échangées à travers le monde transitent par les câbles sous-marins. La coopération internationale est essentielle pour protéger ce réseau contre les dommages provoqués par des événements géologiques, des ancres de bateaux ou des filets de pêche. La tâche est plus compliquée qu'on imagine, car le réseau sous-marin est un véritable patchwork de plus de 500 réseaux différents.

Depuis la pose des premiers câbles entre les continents, il y a plus d'un siècle, L'UIT définit les normes qui régissent leur exploitation.

À l'ère du numérique, ce cadre normatif a encore gagné en importance. Créé en novembre 2024, l'Organe consultatif international pour la résilience des câbles sous-marins  a été fondé par L'UIT et le Comité international de la protection des câbles, la principale organisation représentant le secteur, afin de renforcer la résilience du réseau. 

Cet organe compte 42 membres, dont des ministres, des directeurs d'autorités de réglementation, des dirigeants d'entreprise et des experts. Représentant pour certains des îles isolées, pour d'autres les pays les plus riches du monde, ils contribuent leurs perspectives pour avancer des objectifs communs : l'entretien des câbles, la prévention des dommages, la rapidité de récupération après une interruption et la durabilité.
 

Des alertes précoces pour tous

Le monde entier est confronté aux effets du changement climatique. Les technologies numériques jouent un rôle clé dans la protection des populations face aux catastrophes naturelles et contribuent à sauver des vies. Par exemple, les réseaux de téléphonie mobiles permettent de diffuser l’alerte et accélérer l’accès aux secours.

La Genève internationale est au diapason. De nombreuses organisations internationales ont rejoint l'initiative Alertes précoces pour tous du Secrétaire général de l'ONU. En collaboration avec l'Organisation météorologique mondiale, le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe et la Fédération internationale des sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge, l'UIT gère la Diffusion et la communication des alertes par le biais les autorités régionales et nationales de télécommunications.

En tant que gardien du spectre mondial des fréquences radio, l'UIT assure leur disponibilité pour la transmission de données sur l’environnement et le climat. Sous sa coordination, les des alertes précoces sont diffusées par la radio, la télévision et les téléphones mobile. Grâce aux normes et aux cadres réglementaires établis par l'UIT, les canaux d'urgence à haute et très haute fréquence prennent le relais en cas de catastrophe naturelle portant atteinte aux infrastructures de télécommunication.
 

Investir dans les compétences pour renforcer la résilience

Dans les pays à revenu élevé, 93 % de la population est connectée, contre seulement 27 % dans les pays à revenu faible. Or, une infrastructure numérique résiliente est essentielle pour la résilience économique.
 

Les entreprises s'engagent

Pour mobiliser les fonds nécessaires à la réalisation de l'accès universel au numérique d'ici 2030, soit 1 600 milliards de dollars, l'UIT a lancé une « Initiative d'investissement dans l'infrastructure numérique » en partenariat avec sept organisations de financement du développement.

En parallèle, à travers de la coalition Partner2Connect (P2C) Digital Coalition de l'UIT, les entreprises du numérique se sont engagées à contribuer 73 milliards de dollars en vue de cet objectif. Les promesses d’investissement récentes témoignent de la volonté du secteur de la téléphonie mobile et des satellites d’éliminer la fracture numérique.
 

Écouter les jeunes

Au-delà des différences entre pays, la résilience numérique dépend également de la jeune génération. À l’échelle mondiale, 79 % des « natifs du numérique », âgés de 15 à 24 ans, utilisent régulièrement Internet, soit un taux supérieur de 13 points à celui de l’ensemble de la population. Mais dans les pays à faible revenu, ils ne sont plus que 43 % à être connectés.

L'UIT permet aux jeunes d'avoir leur mot à dire sur l'avenir du numérique en leur offrant la possibilité de participer en tant que partenaires à part entière aux côtés des principaux acteurs de la révolution numérique, tout en leur fournissant les compétences nécessaires et les opportunités pour concrétiser leur vision d’un futur connecté. 

Leurs priorités? L'accès à la technologie pour l'éducation et la recherche d'emploi, les compétences numériques dans un monde en constante évolution, la promotion de l'entrepreneuriat des jeunes dans le secteur numérique, le soutien aux technologies vertes et la mise en place de cadres réglementaires pour renforcer la connectivité et la confiance dans les nouvelles technologies.
 

L'inclusion des femmes et des filles

Les femmes sont particulièrement impactées par la fracture numérique. Aujourd’hui, 2,6 milliards de personnes dans le monde restent exclues du numérique, dont une majorité de femmes et de filles. Comme pour les jeunes, le manque d'accès et de compétences est un enjeu majeur. Les filles restent sous-représentées dans les filières scientifiques, technologiques, d’ingénierie et de mathématiques (STIM), ce qui se reflète également dans leur faible présence aux postes de direction et dans l'entrepreneuriat du secteur numérique. 

Les femmes occupent de nombreux postes de direction au sein de l'UIT : elles sont aujourd’hui majoritaires dans les postes de niveau D2. En 2023, Doreen Bogdan-Martin a été élue Secrétaire générale de l'IUT, la première femme à occuper cette fonction.

La Journée internationale des filles dans les TIC, une initiative de l'UIT, encourage les filles à choisir des études et des carrières dans les STIM, une manière d'assurer la résilience numérique de nos sociétés. Vous voulez contribuer à ce projet ? Téléchargez notre boîte à outils pour découvrir des idées, des ressources et des exemples de réussite afin de sensibiliser les jeunes femmes et les filles aux STIM.

Lancée à l’occasion du 160e anniversaire de l’UIT, l’initiative « ITU160 Gender Champions » vise à promouvoir l’égalité des genres dans la transformation numérique en reconnaissant et en soutenant les jeunes femmes qui y contribuent activement. Grâce au soutien financier du gouvernement du Canada, cette initiative offre, pendant un an, à dix femmes âgées de 18 à 25 ans l'opportunité de présenter leur projet, d'échanger avec les principales parties prenantes, et de participer à des conférences de haut niveau de l'UIT afin de contribuer activement à l'avenir de la connectivité numérique.


 

Aurores boréales sur le Léman

En mai 2024, les habitants de la région genevoise ont pu apprécier un spectacle exceptionnel : des aurores boréales au-dessus du lac ! Généré par une intense activité solaire, ce phénomène naturel a été observé à de nombreux lieux en Suisse ainsi que plus au sud.

Heureusement, les réseaux numériques n'ont pas été affectés cette fois. En effet les tempêtes solaires dernières peuvent causer des perturbations importantes. A plusieurs reprises par le passé, des  incidents graves ont évités de justesse. En 1967, par exemple, l'activité solaire a été à l'origine d'une panne de radar déclenchant une fausse alerte d'attaque nucléaire. En 1989, une tempête solaire a provoqué une panne de courant de neuf heures au Québec.

La plus puissante tempête solaire jamais observée s'est produite en 1859 et a été accompagnée d’aurores visibles jusqu'aux régions tropicales. Les habitants de New York pouvaient lire leurs journaux du soir à la lueur de ciel et les chercheurs d'or dans les montagnes Rocheuses du centre des États-Unis, confondant les aurores boréales avec un soleil voilé, on commencé à préparer le petit-déjeuner à une heure du matin. Cette tempête solaire a également provoqué des étincelles et des incendies sur les fils télégraphiques et des pannes sur les réseaux de communication transcontinentaux.

Dans le monde ultra-connecté d'aujourd'hui, une tempête de cette ampleur pourrait avoir des effets bien plus dévastateurs, déclenchant des pannes de courant et de communication à grande échelle durant plusieurs jours, avec des pertes financières considérables à la clé. Diffusée à partir de février 2020, la série télévisée britannique COBRA, imagine un avenir où une tempête solaire déclenche une profonde crise sociale et politique.

La résilience numérique est une responsabilité largement partagée. Nous devons collaborer à l'échelle mondiale pour sensibiliser aux enjeux du numérique, renforcer les compétences et protéger les infrastructures essentielles. Cela comprend l'élaboration de plans nationaux de télécommunications d'urgence, les exercices de cybersécurité, ou encore les tests de systèmes d'alerte précoce et de câbles sous-marins.
 

 

Suivez cette série d'articles signée par l'UIT pour découvrir leurs 160 ans d'histoire, les priorités qui l'animent, et son action pour un avenir numérique pour tous!

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