Une semaine avec Scott Weber, Directeur général d'Interpeace: Mercredi - Un réel impact sur le terrain et à l'international

Durant toute une semaine, Scott Weber, Directeur général d'Interpeace, répond à nos questions et nous parle de son parcours, de son organisation, de ses priorités, des défis auxquels lui-même et ses collaborateurs doivent faire face, de leur travail sur le terrain ainsi que de leurs réalisations.

Depuis 20 ans, Interpeace soutient des sociétés déchirées par des conflits à construire la paix, avec plusieurs succès à son actif. Aujourd'hui, Scott Weber revient sur quelques-unes de leurs réalisations à ce jour, aussi bien au niveau local que global.

 

Interpeace fête son 20ème anniversaire cette année. Qu'avez-vous accompli jusqu'à présent sur le terrain?

Nous travaillons par exemple en Somalie depuis 1996, et avons fait d'importants progrès en aidant les Somaliens à trouver des solutions à leurs différences ainsi qu'à renforcer le processus d'édification de l'Etat au Somaliland, au Puntland, et, plus récemment, au centre-sud de la Somalie. Nous avons soutenu les Somaliens dans certains de leurs efforts cruciaux de démocratisation ces dernières années, comme les élections parlementaires et présidentielles au Somaliland. Les élections présidentielles représentent la première transition démocratique de pouvoir dans l'histoire de la Corne de l'Afrique.

Récemment, nous avons accompli un travail important sur la question de la piraterie au large des côtes somaliennes. Les pirates ont détourné plus de 60 navires rien qu'en 2010 et la piraterie est devenue une affaire lucrative pour les réseaux criminels en Somalie. La réponse internationale a été importante, même si, de manière surprenante, 99,4% des 6.1 milliards de dollars dépensés dans la campagne anti-piraterie ont été consacrés à la protection des navires. La majorité de cette somme astronomique a été dépensée pour couvrir les frais de plus en plus élevés de carburant, nécessaire pour établir des routes de navigation alternatives ou opérer les navires à des vitesses plus élevées dans l'espoir d'échapper aux pirates. Seulement 0,6% des fonds ont été dépensés pour traiter le vrai problème. La piraterie est un problème sur terre, pas en mer. La vraie question qui aurait dû être traitée, c'était tout d'abord la raison pour laquelle ces jeunes hommes prenaient le large sur des bateaux, lourdement armés.

Notre contribution à l'effort contre la piraterie a donc consisté à impliquer les villages de la côte somalienne en les instruisant sur le phénomène de la piraterie à travers des documentaires vidéo et des discussions avec les communautés et les anciens. Ils ont vite compris que la piraterie était en train de tuer leurs jeunes hommes et allait à l'encontre de leurs intérêts économiques à moyen et à long terme. Ce processus éducationnel a aidé les communautés à arriver elles-mêmes à la conclusion qu'il n'était pas dans leur intérêt de continuer à soutenir la piraterie. Cela a sans doute contribué à la chute drastique de la piraterie depuis lors, avec seulement 4 détournements enregistrés l'année dernière.

Nous avons également accompli un énorme travail sur la rédaction de constitutions, ce qui a été une priorité pour nous, car dans plusieurs pays où nous travaillons la source du conflit remonte à la manière dont l'Etat a été formé, en premier lieu. La légitimité du processus de rédaction d'une constitution est ce qui confère la légitimité à cette dernière. Nous avons donc cherché à savoir s'il existait des manuels visant à guider les sociétés à travers le processus de rédaction d'une constitution de façon à lui conférer la plus grande légitimité. Ayant réalisé qu'il n'existait que très peu d'assistance disponible, nous avons réuni durant quatre ans les principaux experts mondiaux afin de rédiger un manuel sur la mise en place de ce processus, mentionnant les différents défis rencontrés en chemin. Ce manuel a été distribué à tous les parlements du monde grâce à un partenariat avec l'Union interparlementaire. Les Nations Unies l'ont adopté comme l'un des principaux outils d'aide aux pays pour la mise en place d'un processus de rédaction d'une constitution.

Et au niveau multilatéral?

Au niveau multilatéral, nous nous efforçons de changer la manière dont le monde comprend la question de la résilience. La résilience est un concept important dans le cadre de notre travail car elle met l'accent sur la capacité d'une société à gérer les chocs internes et externes. Nous valorisons davantage l'analyse des communautés locales que la perception externe de la question. Nous aidons les sociétés à établir leur propre mesure de fragilité plutôt que de dépendre d'un cadre établi à l'extérieur du pays. De plus, alors que notre index analyse la fragilité des sociétés, il met également en avant les sources positives de résilience. 

Une semaine avec Scott Weber, Directeur général d'Interpeace