L'interview | Robin Geiss

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Comment présenteriez-vous votre organisation en quelques mots ? En quoi consiste votre fonction ? Quel est votre objectif ?

L'Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR) est l'un des seuls instituts au monde consacré à la problématique du désarmement et du contrôle des armes de guerre. Nous élaborons et promouvons des approches innovantes et pragmatiques à des problèmes de sécurité urgents afin de bâtir un monde plus sûr et plus prospère.

Au cours des 18 derniers mois, par exemple, nous avons participé à l'élaboration de démarches visant à réduire les risques liés aux armes nucléaires, ainsi que la définition d'un « code de la route » pour l'espace extra-atmosphérique et le cyberespace. Nous avons aussi assisté les décideurs politiques à intégrer la dimension de genre à leurs réflexions sur la biosécurité, afin d'être mieux préparés et plus résilients en cas d'incident biologique. En collaboration avec des Etats et des entreprises privées, nous avons exploré les risques et les avantages des nouvelles technologies militaires, et nous avons également mis au point des outils pour permettre aux gouvernements de mieux gérer les stocks d'armes et de munitions.

Les analyses que nous menons sont documentées et impartiales et contribuent ainsi à faire progresser le désarmement multilatéral, ce qui un impact positif sur le développement social et économique. Au niveau mondial, les dépenses militaires représentent 2'000 milliards par an, des fonds qui pourraient être utilisés pour lutter contre la pandémie de Covid19 ou le changement climatique. Si nous ne parvenons pas à désarmer les Etats et à réduire les tensions entre eux, tous nos efforts pour trouver des solutions à ces défis seront vains. De notre point de vue, ce ne sont pas là des menaces futures mais bien des problèmes auxquels nous devons nous atteler dès aujourd'hui.

Ma fonction au sein de l'UNIDIR consiste à être une sorte d'innovateur en chef. Je m’assure que l’institut tire parti de sa position de plaque tournante entre les Nations Unies, le secteur privé et le monde politique. Mon objectif est de renforcer l'impact de l'institut, de le rendre plus agile, d'en faire un lieu où nos partenaires savent qu'ils trouveront toujours des idées novatrices et bien documentées, un forum de discussion sur une multitude de sujets, de la sécurité spatiale à l'intelligence artificielle en passant par la réduction des risques nucléaires et le dialogue avec une nouvelle génération de penseurs et de décideurs.

 

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Parmi la concentration d'acteurs à Genève (OI, ONG, missions permanentes, universités et secteur privé), avec qui travaillez-vous et comment ?

Nous travaillons avec les missions permanentes, plus particulièrement les 65 membres de la Conférence du désarmement. Nous collaborons aussi régulièrement avec nos collègues du BCAH, de l'UNMAS, de l'UNODA, de l'UIT, du Haut-Commissariat, de l'OMS, du CICR, de l'Université de Genève, du Graduate Institute et du GICHD, entre autres. Nous avons un nouveau partenariat avec le Forum économique mondial sur les questions d'intelligence stratégique, et nous cherchons également à nouer des partenariats avec le secteur privé, notamment dans le domaine des nouvelles technologies et de l'espace. Nous organisons des conférences de premier plan au sujet de diverses problématiques émergentes, tels que les « deepfakes », l'utilisation pacifique de l'espace ou l'intégration de la dimension du genre dans la réflexion sur la sécurité internationale. Nous accueillons également des discussions confidentielles entre dirigeants sur des questions complexes et sensibles, par exemple les technologies numériques. Nous gardons toujours la porte ouverte à de nouveaux partenariats, et j'encourage vivement les lecteurs à nous faire part de leurs idées.

 

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Quelles sont les forces et les faiblesses de Genève en ce qui concerne le développement de votre activité ?

Genève incarne le rôle incontournable du multilatéralisme. Nous sommes présents dans environ 50 pays par an, mais ce qui nous motive tout autant ce sont les relations avec la grande diversité d’entreprises, de fondations, d’instituts de recherche et d’organisations de la société civile présentes à Genève. La volonté de la ville de se positionner en tant que pôle du numérique est en parfait accord avec l'action que nous essayons de mener à travers nos études prospectives, des plateformes numériques pour la cybersécurité et de la sécurité spatiale, et une présence web de plus en plus multilingue.

Le seul point négatif, c'est que Genève nous donne tellement de travail que nous avons très peu de temps pour explorer les magnifiques paysages qui nous entourent ! Personnellement, j'essaie de me rendre au Palais à vélo le plus souvent possible, et j'apprécie particulièrement le fait que c’est une ville facile à vivre pour les cyclistes et les piétons.
 

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A quoi devrait ressembler la gouvernance mondiale dans 20 à 30 ans ?

C'est une question d'actualité, qui a suscité beaucoup de réflexion au sein des Nations Unies ces derniers temps. Il est grand temps de passer à l'action. Pour citer le discours du Secrétaire général à l’occasion du lancement du « programme commun » de l’ONU début septembre : "Ce programme est fondé sur le principe de solidarité – invitant à travailler ensemble, sur la base du constat que nous sommes liés les uns aux autres et qu’aucune société ou aucun pays, aussi puissant soit-il, ne peut résoudre seul ses problèmes." Il a aussi souligné l’importance d’impliquer la société civile, le secteur privé et les jeunes dans la construction d’un avenir meilleur, plus vert et plus sûr. Cela résume exactement ma pensée. A mon avis, l'UNIDIR est très bien placé pour contribuer de manière pragmatique à concrétiser cette vision dans les années à venir.

 

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