L'interview | Amb. Thomas Greminger

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Comment présenteriez-vous votre organisation en quelques mots? En quoi consiste votre fonction? Quel est votre objectif? 

Le Centre de politique de Sécurité (en anglais Geneva Centre for Security Policy - GCSP) est basé à la Maison de la Paix, au cœur de la Genève internationale. Crée il y a plus de vingt-cinq ans, le centre est engagé en faveur de la formation et de la promotion de la coopération dans le monde. Le dialogue entre différents secteurs y est favorisé et les thèmes sécuritaires y sont traités de façon holistique. Nous traitons ainsi d’une vingtaine de thématiques clés allant de la cybersécurité, au leadership, en passant par l’anticipation stratégique et la sécurité humaine. 

Le centre est spécialisé dans la formation des cadres dirigeants, le dialogue diplomatique, l’analyse politique ainsi que le partage d’expériences dans le domaine des politiques de sécurité. 

Ainsi, le GCSP est un facilitateur reconnu entre les différentes sphères actives dans la promotion de la paix dans le monde. Se côtoient régulièrement au GCSP des diplomates, des militaires et des représentants gouvernementaux mais aussi des cadres dirigeants du secteur privé et de la société civile ainsi que des journalistes, des scientifiques et des artistes. Le GCSP considère que cette interface nourrie des mondes différents, promeut la pensée créative et enrichit la politique sécuritaire contemporaine. 

Dans cette perspective, le GCSP a créé il y a cinq ans la Global Fellowship Initiative, qui réunit des personnalités d’expertises et expériences différentes et d’origines géographiques diverses. De cette initiative est né également le Creative Spark qui incube des projets visant à apporter des solutions innovantes dans le domaine de la paix et de la sécurité. 

Véritable entité formatrice et plateforme de dialogue neutre, inclusive et impartiale, le GCSP est reconnu au niveau international pour la qualité de ses cours, ainsi que pour sa capacité à réunir des personnes de tous bords en étant une plateforme d’échanges exclusifs entre milieux qui n’auraient pas l’occasion de se rencontrer autrement. 

J’ai pris mes fonctions en tant que Directeur du GCSP le 1er mai 2021. Mon rôle principal est de m’assurer de la bonne exécution du mandat qui a été confié au GCSP: promouvoir la paix et la sécurité à travers ses activités. Plus concrètement, je m’assure que le centre soit en mesure de répondre aux attentes et besoins des membres de son conseil de fondation et plus largement de sa communauté.

Mes objectifs dans les prochaines années sont multiples. Premièrement, le centre doit continuer à offrir des formations reconnues pour leurs qualités et leurs pertinences. Cela demande un investissement et un travail d’anticipation stratégique conséquent étant donné la rapidité avec laquelle le monde change. Deuxièmement, de par ses valeurs, son expertise et sa réputation, je suis convaincu que le centre a un fort potentiel pour faciliter les processus de dialogue diplomatique (Track 1.5 et Track 2). Nous souhaitons ainsi développer des activités de dialogue sur trois niveaux:  les questions de géopolitiques internationales tels que les relations entre l’Ouest, la Chine et la Russie, les questions de sécurité régionale comme en Méditerranée orientale ou en Syrie et des questions de gouvernance mondiale négociées à Genève. Finalement, je souhaite développer nos activités d’analyses en lien avec les thématiques que nous traitons. Nous souhaitons ainsi fournir des clés de compréhension pour nos partenaires et notre communauté afin de mieux appréhender le monde dans lequel nous évoluons.  

 

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Parmi la concentration d'acteurs à Genève (OI, ONG, missions permanentes, universités et secteur privé), avec qui travaillez-vous et comment?

Nous collaborons avec de nombreux acteurs de la Genève internationale dans tous nos domaines d’activités. Nous recevons dans nos formations de nombreux cadres provenant de ces organismes et nous fournissons également des activités de formation sur mesures à certains d’entre eux, comme l’OMC et l’OMS ou encore certaines missions diplomatiques. 

Nous avons également à cœur de collaborer avec nos voisins de la Maison de la paix. Dans ce cadre, nous faisons partie des comités de pilotage et de gestion de la Geneva Peacebuilding Platform. 

Forts de notre mission, nous nous investissons énormément dans le rapprochement des différents acteurs de la Genève internationale. Ainsi nous collaborons avec la Geneva Science and Diplomacy Anticipator pour organiser la Semaine de la Science et de la Diplomatie au mois de mai prochain. 

En outre, à travers notre Fellowship et notre Creative Spark, nous explorons de nombreuses collaborations avec des acteurs tels que le CERN, le canton de Genève ou encore l’Université de Genève.  Le Creative Spark a accueilli récemment deux projets phares :  le secrétariat du International Gender Champions, un réseau de décideurs du monde entier créé dans le but de lever les obstacles liés aux questions de genre dans les entreprises et les institutions publiques. Il a accueilli également le Climate Action Accelerator qui est depuis devenu une association à but non lucratif visant à soutenir une masse critique d’organisations intermédiaires afin d’amplifier la mise en œuvre de solutions pour le climat, contenir le réchauffement de la planète sous 2°C et éviter le risque d’une dangereuse dérive.

 

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Quelles sont les forces et les faiblesses de Genève en ce qui concerne le développement de votre activité?

La Genève internationale est très bien placée pour jouer un rôle majeur dans le domaine de la paix et de la sécurité. C'est un centre de gouvernance mondiale reconnu, elle bénéficie en outre de la présence en un même lieu du secteur privé, d'ONG, d'OI, de l'ONU et de représentants gouvernementaux. Elle est également située dans une région qui dispose d'excellentes institutions académiques et scientifiques travaillant sur le numérique et les technologies émergentes. La Genève internationale, offre donc un espace sûr pour se rencontrer, se former, dialoguer et offrir des conseils politiques provenant de sources crédibles dans un monde fortement polarisé.

Cependant, il y a un manque flagrant de coopération entre tous ces acteurs. Une grande partie du travail se fait actuellement en silos, ce qui revient à passer à côté de beaucoup d’opportunités et à un gaspillage des ressources. Aujourd'hui, il est du devoir de tous les acteurs de la Genève internationale de réfléchir ensemble à des mécanismes efficaces pour faire tomber les barrières entre les domaines et coopérer de manière plus efficace et systématique.

 

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A quoi devrait ressembler la gouvernance mondiale dans 20 à 30 ans?

La plupart des menaces actuelles et émergentes pour la sécurité sont transnationales - ce que Kofi Annan a appelé un jour "les problèmes sans passeport". Vous ne pouvez pas lancer une frappe aérienne contre un virus. Vous ne pouvez pas avoir une solution nationale à la criminalité transnationale organisée, au terrorisme ou encore au changement climatique. Les menaces transnationales exigent tout simplement des réponses multilatérales, il faut arrêter de penser à court terme dans notre monde à long terme.

Dans 20 ou 30 ans, les États auront pris conscience qu'ils ne peuvent faire face aux défis planétaires actuels sans coopérer au niveau international. Ils auront compris qu'ils doivent réinvestir dans les institutions multilatérales et rassembler la volonté politique nécessaire pour les réformer. L'unilatéralisme et le transactionalisme auront de nouveau été remplacés par une forte croyance dans les approches coopératives et multilatérales. Cela aura encore renforcé le rôle de la Genève internationale en tant que point névralgique de la gouvernance mondiale.

 

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Quelle question auriez-vous aimé que l'on vous pose? 

En fait, j’ai des questions auxquelles j’aimerai bien entendre la réponse des experts de la Genève Internationale! 

Quels sont les processus de négociation les plus importants qui se déroulent à Genève et qui façonneront la gouvernance mondiale? Comment pouvons-nous, par nos efforts axés sur le renforcement des capacités, de nos plateformes de dialogue informel et notre expertise, contribuer à rendre ces processus plus efficaces?

Je pense notamment aux processus en lien avec les questions de santé, d’environnement et de changement climatique, de commerce, les défis humanitaires mais aussi la digitalisation et le cyberespace. Ce sont de vastes domaines aux réalités complexes dans lesquels des acteurs non-gouvernementaux comme nous peuvent jouer un rôle clé à jouer. L’important est de déterminer sur quelles questions la Genève Internationale peut apporter une vraie valeur ajoutée, notamment grâce à ses outils et son expertise. Il faut aussi identifier des domaines où les acteurs de la diplomatie officielle (Track 1), des organisations internationales et gouvernementales manifestent un réel intérêt à collaborer avec nous. 

 

Biographie de l'Amb. Thomas Greminger

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