Jeudi - La Liste rouge de l'UICN comme baromètre de la vie

Aujourd'hui, Craig Hilton-Taylor,  Chef de l'Unité en charge de la Liste rouge de l'UICN, nous parle de ces espèces qui déclinent plus rapidement que les autres et nous explique ce que la Liste rouge nous révèle sur l'état actuel de la biodiversité.

Une galerie photo présente également quelues espèces qui sont confrontées à un risque accru d'extinction.


Existe-il des espèces qui déclinent plus rapidement que les autres? Pourquoi?

Oui, certaines espèces déclinent à un rythme alarmant en raison d'une menace particulièrement grave. C'est le cas par exemple des espèces victimes de surexploitation intense par les Hommes ou les espèces dont l'habitat, déjà très petit est spécifique, est détruit.

D'autres facteurs, tels que les longs délais de reproduction occasionnant de faibles taux de recrutement rendent les espèces plus sensibles à une baisse drastique de la population. Parfois, des cas de maladie peuvent causer de brusques effondrements de la population. Par exemple, 41 % des amphibiens sont menacés d'extinction. Ceci est en grande partie lié au chytridiomycète, un champignon dévastateur qui provoque une forte mortalité chez les amphibiens infectés.

Vous présentez la Liste rouge comme un baromètre de la vie. Pourquoi ?

Cette analogie permet de visualiser la Liste rouge comme un instantané de la santé de notre planète et comme un système d'alerte. Notre objectif est de faire de la Liste rouge un baromètre plus complet en élargissant sa base taxonomique pour la rendre beaucoup plus représentative de la grande diversité de la vie.

Qu'est-ce que cela nous enseigne sur l'état actuel de la biodiversité ?

La Liste rouge de l'UICN a révélé quelques faits très alarmants sur l'état de la biodiversité. Nous savons aujourd'hui par exemple que 63 % des cycas, 41 % des amphibiens, 33 % des coraux bâtisseurs de récifs en eaux chaudes, 34 % des conifères, 25 % des mammifères et 13 % des oiseaux sont menacés d'extinction.

L'UICN souligne que les résultats de la Liste rouge sont inquiétants. Est-il encore possible d'inverser cette tendance ? Comment ?

Oui, les résultats sont inquiétants, mais ils constituent également un appel important à l'action des gouvernements et des décideurs. La situation de plusieurs espèces menacées s'est améliorée en raison des mesures de conservation qui ont été prises pour les sauver.

Par exemple, le rhinocéros blanc (Ceratotherium simum) était proche de l'extinction à la fin du 19ème siècle, réduit à une petite population d'environ 20 à 50 animaux en raison du braconnage. Cependant fin 2010, après des années de protection et de nombreuses translocations, la population avait augmenté pour atteindre un effectif plus de 20'000 animaux sauvages. Beaucoup de « cas de réussite » de ce genre sont rapportés, mais il reste encore beaucoup à faire pour inverser la crise d'extinction.