3 questions à Julia Marton-Lefèvre, Directrice générale de l'UICN (2007-2015)

Julia Marton-Lefèvre a dirigé l'UICN de 2007 à 2015. Cette Franco-Américaine, née en Hongrie et exilée avec sa famille aux Etats-Unis en 1957, a travaillé aux quatre coins du monde avant de poser ses valises au bord du lac Léman. Son parcours l'a notamment conduite à la direction du Conseil international de la science à Paris et au rectorat de l'Université de la paix au Costa Rica.

Quel est l'avantage pour votre organisation d'avoir son siège à Genève?

Etablie en Suisse depuis 1961, l'UICN fait partie de la grande famille d'organisations internationales qui ont leur siège à Genève. L'UICN collabore étroitement avec beaucoup d'entre elles, par exemple le Forum économique mondial ou encore avec les secrétariats des accords environnementaux multilatéraux. Cela permet de créer des liens entre les divers champs d'action : entre l'environnement et l'humanitaire ainsi qu'entre le commerce et le développement durable. L'UICN bénéficie également du soutien généreux de la Suisse qui, en tant qu'Etat Membre, soutient la mise en œuvre de notre programme de travail. Au niveau pratique, notre situation au cœur de l'Europe avec l'accès facile aux quatre coins du monde nous permet d'être un véritable réseau mondial de l'environnement.

Quelle est la réalisation de l'année dont vous êtes la plus fier?

Déclarée « Année internationale des forêts » par les Nations Unies, 2011 restera inscrite comme une date cruciale sur l'agenda international puisqu'elle marquera également le début de la Décennie des Nations Unies pour la biodiversité. Pour l'UICN, il s'agit d'une année d'action pour la sauvegarde de la nature, la base essentielle qui permet et entretient la vie sur notre planète. Je tiens à souligner en particulier notre initiative visant à trouver des « solutions naturelles » aux problèmes pressants des changements climatiques, de la sécurité alimentaire et de l'énergie qui mettent les décideurs internationaux au pied du mur. De telles « solutions naturelles », comme par exemple la gestion durable des forêts qui captent un tiers des rejets de CO2 tout en bénéficiant à la biodiversité et aux personnes parmi les plus pauvres au monde, sont très souvent moins coûteuses et plus durables que des approches strictement technologiques.

Quels sont les défis que votre organisation est amenée à relever?

Le plus grand défi pour l'UICN et de réaliser notre vision d'un monde juste et équitable qui comprend la valeur de la nature et la préserve. Il nous reste moins de cinq ans pour atteindre l'objectif mondial fixé par les Nations Unies consistant à diviser par deux le nombre de personnes vivant dans la grande pauvreté ; moins de dix ans pour atteindre un autre objectif mondial : arrêter la perte de la biodiversité. Il faudra, pour y parvenir, changer de vitesse. Je crois qu' il y a une prise de conscience importante de la part de la communauté internationale du fait que la nature est cruciale pour notre propre survie et prospérité, qu'elle a urgemment besoin de notre aide, et qu' il n'y a pas d'autre alternative que d' investir dans la sauvegarde de notre capital naturel.

**Cette interview est tiré de la Série estivale de la Feuille d'Avis Officielle (FAO) de la République et canton de Genève (2011)